Goudrons et nicotine 

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Source : freepik.com
Les goudrons et la nicotine : contamination des espaces intérieurs, risques sanitaires du tabagisme de troisième main, méthodes de détection et solutions de décontamination efficaces.
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Les goudrons et la nicotine sont des substances toxiques majeures présentes dans la fumée de tabac. Les goudrons constituent un mélange complexe de plusieurs milliers de composés chimiques résultant de la combustion incomplète du tabac, tandis que la nicotine est un alcaloïde naturellement présent dans la plante de tabac, responsable de la dépendance. Ces substances se déposent sur les surfaces intérieures (murs, tissus, meubles) et s'intègrent aux poussières domestiques, formant un important polluant de l'air intérieur persistant même après l'arrêt de l'exposition directe à la fumée.

Les goudrons contiennent plus de 70 substances cancérigènes avérées, tandis que la nicotine, bien que moins directement cancérigène, présente une toxicité cardiovasculaire significative et une forte capacité addictive. Ces composés peuvent persister dans l'environnement intérieur pendant des mois voire des années après l'arrêt du tabagisme dans le logement, continuant à être réémis progressivement dans l'air.

La réduction de l'exposition passe prioritairement par l'arrêt complet du tabagisme à l'intérieur et par des opérations de nettoyage approfondies des surfaces contaminées, associées à une ventilation adéquate et prolongée des espaces concernés.

Type de polluant

Polluants chimiques

Quel est le risque ?

Les goudrons et la nicotine présentent des risques sanitaires significatifs, variables selon le niveau et la durée d'exposition. Les goudrons, composés de milliers de substances dont des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des nitrosamines et autres composés organiques, sont directement impliqués dans le développement de cancers (poumon, vessie, œsophage, pancréas). Ils provoquent également des irritations des voies respiratoires, une diminution de la capacité pulmonaire et contribuent au développement de maladies respiratoires chroniques comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

La nicotine, quant à elle, affecte principalement le système cardiovasculaire (augmentation de la pression artérielle, accélération du rythme cardiaque, vasoconstriction) et le système nerveux central. Même à faible dose, l'exposition chronique à la nicotine résiduelle peut avoir des effets néfastes sur la santé, particulièrement chez les enfants et les personnes vulnérables. Des études récentes montrent que la nicotine peut également perturber le développement cérébral des fœtus et des jeunes enfants exposés.

Le "tabagisme de troisième main" (résidus persistants de fumée déposés sur les surfaces) représente un risque sanitaire émergent, particulièrement pour les nourrissons et les enfants qui sont en contact rapproché avec les sols et les surfaces contaminées.

Suis-je concerné ?

Vous êtes potentiellement concerné si :

  • Vous vivez ou travaillez dans un environnement où l'on fume ou a fumé régulièrement
  • Vous avez emménagé dans un logement précédemment occupé par des fumeurs
  • Vous êtes exposé à la fumée de tabac provenant de logements voisins par infiltration
  • Vous fréquentez des espaces publics où le tabagisme est ou était autorisé
  • Vous utilisez des véhicules dans lesquels on a fumé (voitures d'occasion, véhicules de location)
  • Vous êtes en contact avec des vêtements ou objets imprégnés de fumée de tabac

Les populations particulièrement sensibles incluent :

  • Les nourrissons et jeunes enfants qui rampent sur les sols et portent fréquemment les mains à la bouche
  • Les femmes enceintes dont le fœtus peut être exposé via le passage transplacentaire
  • Les personnes asthmatiques ou souffrant d'allergies respiratoires
  • Les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires

L'imprégnation des surfaces peut être particulièrement importante dans les espaces confinés et mal ventilés, comme les petits logements, les véhicules, ou certains espaces professionnels. Ces résidus peuvent persister pendant plusieurs années, même après l'arrêt complet du tabagisme dans le lieu concerné.

Que faire ?

Prévention des émissions

  • Appliquez une politique stricte de non-tabagisme à l'intérieur des bâtiments et véhicules
  • Évitez de fumer à proximité des entrées d'air et fenêtres
  • Si vous fumez à l'extérieur, changez de vêtements ou portez un vêtement spécifique que vous retirez avant de rentrer
  • Lavez-vous les mains et rincez-vous la bouche après avoir fumé pour limiter les transferts de résidus
  • Sensibilisez votre entourage aux risques du tabagisme passif et du tabagisme de troisième main

Élimination des dépôts existants

  • Nettoyez en profondeur toutes les surfaces dures avec des détergents alcalins spécifiques pour dissoluer les résidus de goudrons
  • Nettoyez ou remplacez les rideaux, tapis, moquettes et autres textiles qui peuvent retenir les résidus
  • Repeignez les murs et plafonds avec une peinture isolante après nettoyage (utiliser préalablement un primaire bloquant)
  • Remplacez les filtres des systèmes de ventilation ou de climatisation
  • Envisagez un nettoyage professionnel des conduits d'aération dans les cas d'imprégnation importante
  • Traitez les meubles rembourrés avec des nettoyants spécifiques ou envisagez leur remplacement si fortement imprégnés

Ventilation et purification

  • Aérez abondamment et régulièrement (au moins 30 minutes par jour)
  • Assurez-vous du bon fonctionnement de votre système de ventilation
  • Utilisez un purificateur d'air équipé d'un filtre à charbon actif spécifiquement efficace contre les composés organiques
  • Maintenez une humidité modérée (40-60%) qui limite la réémission des particules déposées
  • Augmentez temporairement la ventilation après les opérations de nettoyage qui peuvent remettre en suspension les particules

Lors d'achat/location immobilier

  • Vérifiez la présence d'odeurs ou de traces jaunâtres caractéristiques sur les murs et plafonds
  • Questionnez explicitement le propriétaire ou l'agent immobilier sur l'historique de tabagisme dans le logement
  • Prévoyez un budget de remise en état si vous achetez un logement ayant appartenu à des fumeurs
  • Documentez l'état des lieux d'entrée avec photos pour les locations

Populations vulnérables

Enfants, femmes enceintes, personnes âgées

  • Enfants : particulièrement vulnérables en raison de leur système respiratoire en développement, d'une respiration plus rapide et d'un contact fréquent avec les surfaces contaminées
  • Femmes enceintes : la nicotine et certains composés des goudrons traversent la barrière placentaire et peuvent affecter le développement neurologique et cardio-pulmonaire du fœtus
  • Personnes âgées : capacité respiratoire réduite, système immunitaire affaibli, évacuation plus lente des toxines

Personnes souffrant de pathologies respiratoires

  • Asthmatiques : risque accru d'exacerbation des crises d'asthme lors d'exposition même à de faibles concentrations
  • Patients atteints de BPCO : aggravation potentielle de l'obstruction bronchique et de l'inflammation des voies respiratoires
  • Personnes allergiques : potentialisation des allergènes par les irritants contenus dans les goudrons
  • Personnes immunodéprimées : risque accru d'infections respiratoires facilité par l'altération des mécanismes de défense des voies aériennes

Conseils spécifiques pour ces populations

  • Éviter absolument tout logement ou véhicule ayant été exposé au tabagisme
  • En cas d'exposition inévitable, exiger un nettoyage professionnel complet avant occupation
  • Utiliser des purificateurs d'air spécifiques dans les pièces les plus fréquentées
  • Consulter un médecin pour établir un protocole de suivi adapté, particulièrement pour les enfants
  • Renouveler plus fréquemment le linge de maison et les vêtements potentiellement contaminés
  • Privilégier des revêtements de sol lavables plutôt que des moquettes qui retiennent les résidus

Interactions avec d'autres polluants

Effets synergiques

  • Association goudrons et particules fines : transport facilité des composés toxiques dans les alvéoles pulmonaires
  • Interaction nicotine et formaldéhyde : potentialisation des effets irritants respiratoires
  • Synergie entre composés nitrosés des goudrons et oxydes d'azote : formation accrue de nitrosamines hautement cancérigènes
  • Effets cumulatifs entre les différents composés des goudrons ciblant les mêmes organes, particulièrement les poumons et le système cardiovasculaire

Réactions chimiques potentielles

  • Formation de nitrosamines spécifiques par réaction entre nicotine et oxydes d'azote
  • Réactions avec l'ozone formant des aldéhydes et cétones irritants
  • Formation de composés organiques secondaires par oxydation de certains composés des goudrons
  • Transformation de la nicotine en cotinine et autres métabolites parfois plus persistants dans l'environnement

Risques cumulatifs

  • Exposition simultanée aux goudrons, à la nicotine et aux COV d'autres sources (matériaux, produits ménagers)
  • Potentialisation des effets cardiovasculaires de la nicotine en présence de monoxyde de carbone
  • Effets additifs sur le système respiratoire avec d'autres irritants comme les aldéhydes
  • Risque accru de cancers en cas d'exposition concomitante à d'autres cancérigènes environnementaux

Variations saisonnières

Influence des conditions météorologiques

  • Température : réémission accrue des composés semi-volatils des goudrons lors des périodes chaudes
  • Humidité : favorise le développement de moisissures sur les surfaces imprégnées de goudrons, créant des problématiques supplémentaires
  • Rayonnement UV : dégradation partielle de certains composés des goudrons exposés à la lumière directe, mais formation possible de sous-produits toxiques
  • Changements de pression atmosphérique : peuvent influencer la libération des composés adsorbés dans les matériaux poreux

Périodes critiques dans l'année

  • Été : augmentation des émissions due aux températures élevées, ventilation parfois insuffisante en période caniculaire
  • Hiver : confinement plus important des espaces, utilisation accrue du chauffage pouvant remettre en circulation des particules déposées
  • Mi-saisons : périodes idéales pour les nettoyages en profondeur permettant une aération optimale
  • Périodes de fortes pollutions extérieures : limitation de l'aération qui peut favoriser l'accumulation des polluants intérieurs

Adaptations saisonnières des précautions

  • Été : intensifier l'aération matinale et nocturne, maintenir les surfaces propres et sèches
  • Hiver : privilégier des aérations courtes mais fréquentes, surveiller l'humidité pour éviter condensation sur surfaces contaminées
  • Printemps/Automne : période idéale pour les nettoyages approfondis et traitements des surfaces
  • Toute l'année : adapter la fréquence de nettoyage des textiles en fonction des conditions de température et d'humidité

Foire Aux Questions (FAQ)

Vous avez des questions fréquemment posées ?

Consultez notre Foire Aux Questions (FAQ) pour trouver des réponses aux questions courantes. Si vous ne trouvez pas la réponse que vous cherchez, n'hésitez pas à nous contacter directement.
  • La fumée de tabac peut-elle imprégner durablement un logement même après le départ des fumeurs ?

    Oui, les résidus de fumée de tabac (goudrons et nicotine) peuvent persister pendant plusieurs années dans un logement. Ces substances s'infiltrent profondément dans les peintures, papiers peints, plâtres, textiles et systèmes de ventilation. Même après un nettoyage standard, ces composés peuvent continuer à être réémis progressivement dans l'air, un phénomène connu sous le nom de "tabagisme de troisième main". Un traitement spécifique des surfaces est généralement nécessaire.

  • Comment puis-je savoir si mon nouveau logement était occupé par des fumeurs ?

     Plusieurs indices peuvent vous alerter : odeur caractéristique persistante malgré l'aération, décoloration jaunâtre des murs, plafonds et rideaux (particulièrement visible en démontant des cadres ou meubles), résidus collants sur les surfaces vitrées et plastiques, film jaunâtre qui réapparaît rapidement après nettoyage. En cas de doute, des tests spécifiques détectant la nicotine sur les surfaces sont disponibles sur le marché.

  • Les désodorisants peuvent-ils éliminer les odeurs de tabac ?

    Non, les désodorisants masquent temporairement les odeurs mais n'éliminent pas la source du problème. Ils ajoutent même de nouveaux composés chimiques dans l'air qui peuvent réagir avec les résidus de tabac. La seule solution efficace consiste à éliminer physiquement les dépôts par nettoyage approfondi et à bloquer les résidus restants par des traitements spécifiques comme des peintures isolantes après application d'un primaire adapté.

  • Fumer près d'une fenêtre ouverte ou sous une hotte évite-t-il la contamination du logement ?

    Non, ces pratiques réduisent partiellement la contamination mais ne l'éliminent pas. Les courants d'air peuvent ramener la fumée à l'intérieur, et les particules les plus fines ainsi que les composés gazeux se dispersent rapidement dans tout l'espace. De plus, les vêtements et la peau du fumeur absorbent ces substances et les transportent ensuite dans tout le logement. Seul le tabagisme strictement extérieur, accompagné d'un changement de vêtements avant de rentrer, limite efficacement la contamination.

  • Les cigarettes électroniques posent-elles les mêmes risques de contamination des intérieurs ?

     Les cigarettes électroniques émettent significativement moins de substances contaminantes que les cigarettes traditionnelles, mais elles ne sont pas sans impact. Si elles ne produisent pas de goudrons, elles libèrent de la nicotine et d'autres composés organiques qui peuvent se déposer sur les surfaces. L'ampleur de la contamination est moindre mais reste préoccupante, particulièrement pour les populations sensibles comme les enfants.

  • Combien de temps faut-il pour décontaminer complètement un logement de fumeur ?

    La durée de décontamination dépend de plusieurs facteurs : intensité et durée du tabagisme antérieur, types de surfaces (les matériaux poreux comme les plâtres retiennent davantage les contaminants), méthodes de nettoyage employées. Un nettoyage en profondeur initial prend généralement 2 à 3 jours pour un appartement standard. Cependant, l'élimination complète des odeurs et résidus peut nécessiter plusieurs semaines avec des aérations régulières et parfois des travaux plus importants (remplacement de moquettes, repeinture).

  • Les enfants sont-ils particulièrement sensibles aux résidus de tabac ?

    Oui, les enfants sont beaucoup plus vulnérables aux effets du tabagisme de troisième main pour plusieurs raisons : leur système respiratoire est en développement, leur fréquence respiratoire est plus élevée, ils sont physiologiquement plus sensibles aux toxiques, et surtout, ils sont davantage en contact avec les surfaces contaminées (sols, tapis) et portent fréquemment leurs mains à la bouche. Des études montrent que l'exposition aux résidus de tabac est associée à un risque accru d'asthme, d'infections respiratoires et de troubles du développement.

  • Peut-on détecter la présence de résidus de tabac par des tests professionnels ?

    Oui, plusieurs méthodes existent pour détecter et quantifier les résidus de tabac dans un environnement intérieur. Des kits de détection de nicotine sur surfaces sont disponibles pour les particuliers. Des professionnels peuvent également réaliser des analyses plus complètes : prélèvements de poussières pour analyse en laboratoire, mesures de nicotine et cotinine dans l'air, utilisation de détecteurs électroniques spécifiques. Ces tests peuvent être particulièrement utiles avant l'achat d'un logement ou pour vérifier l'efficacité d'une décontamination.

  • Faut-il remplacer systématiquement les moquettes d'un logement de fumeur ?

    Les moquettes, tapis et autres textiles d'ameublement sont parmi les matériaux les plus difficiles à décontaminer car ils absorbent profondément les résidus de tabac. Un nettoyage professionnel à l'aide d'extracteurs spécialisés peut être efficace pour des contaminations légères à modérées. Cependant, en cas de tabagisme intensif et prolongé, le remplacement est généralement la solution la plus efficace et économique à long terme, les résidus pouvant continuer à être émis pendant des années malgré les nettoyages.

  • Les plantes d'intérieur peuvent-elles aider à éliminer les résidus de tabac ?

    Les plantes ont une capacité limitée à filtrer certains polluants de l'air, mais leur efficacité contre les résidus de tabac est très insuffisante. Elles peuvent absorber une petite quantité de composés organiques volatils mais n'ont aucun effet sur les dépôts déjà présents sur les surfaces. De plus, l'humidité associée à la culture des plantes peut dans certains cas favoriser le développement de moisissures sur les surfaces contaminées par les goudrons. Les plantes peuvent compléter d'autres méthodes de purification mais ne peuvent pas s'y substituer.

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